Favoriser l’essor du libre à l’École
Les éditeurs de logiciels propriétaires (à commencer par Microsoft) se seraient-il lancés dans une course à corps perdu afin de garder la position très largement dominante qu’ils ont dans le secteur de l’éducation ?
Lobbying au travers de partenariats avec des associations, politique de prix on ne peut plus agressive, pressions auprès des industriels, etc. La liste est longue et plutôt accablante.
Pourtant, proposer des logiciels et des contenus libres dans l’enseignement, on en parle depuis plusieurs années déjà. Les initiatives se multiplient, se structurent. Mais malgré la mise en évidence des problèmes que cela peut engendrer (comme on peut le lire dans le rapport final du très sérieux Becta au sujet du passage à Vista et Office 2007 à l’école), les choses avancent lentement.
Avant cette période de vacances scolaires, nous donnons la parole au Pôle de compétences logiciels libres du Scérén, qui dresse ici un bilan des initiatives réalisées ou en cours autour du primaire et du secondaire.
Espérons que la présentation de ces initiatives innovantes rendent propice une réflexion de tous autour d’une plus grande pluralité et d’une plus grande liberté dans l’utilisation et l’enseignement de l’informatique libre à l’école, ainsi qu’à la production de ressources pédagogiques librement accessibles, modifiables et diffusables.
Le développement des logiciels libres dans le système éducatif ne repose pas uniquement sur des considérations financières. Les vrais enjeux sont de nature pédagogique : diversité des environnements techniques, usages coopératifs, mutualisation, édition des ressources pédagogiques et droit d’auteur... C’est pourquoi le Scérén accorde une importance particulière à la question du libre dans l’éducation.
Créé en 2002, regroupant aujourd’hui vingt-trois CRDP [1], le pôle de compétences logiciels libres du Scérén est à la fois une structure de réflexion et d’action. Il a pris le relais de la Mission veille technologique à qui la direction générale du CNDP avait confié, dès 1999, le pilotage du « chantier » des logiciels libres, dans le contexte institutionnel éducatif défini, en octobre 1998, par un accord-cadre signé entre le Ministère de l’Éducation nationale et l’AFUL (Association francophone des utilisateurs de Linux et des logiciels libres) [2]. Cet accord, régulièrement reconduit depuis lors, indiquait qu’il y a pour les établissements scolaires, du côté des logiciels libres, des solutions alternatives de qualité et à très moindre coût aux logiciels propriétaires, dans une perspective de pluralisme technologique. Et depuis bientôt dix ans, les différents directeurs généraux qui se sont succédé à la tête du CNDP ont accordé une attention particulière au dossier des logiciels libres. Ceux-ci présentent en effet des enjeux informatiques importants : coûts, qualité, sécurité, standards ouverts, indépendance, concurrence, régulation de l’industrie informatique grand public dont la structure favorise la constitution de quasi monopoles. Mais également des enjeux de société. Les débats qui ont accompagné la transposition par le Parlement en 2006 de la directive européenne sur les Droits d’auteur et les droits voisins dans la société de l’information (DADVSI) ont été vifs. John Sulston, prix Nobel de médecine, évoquant en décembre 2002 dans les colonnes du Monde Diplomatique les risques de privatisation du génome humain, disait que « les données de base doivent être accessibles à tous, pour que chacun puisse les interpréter, les modifier et les transmettre, à l’instar du modèle de l’open source pour les logiciels ». Il existe une transférabilité de l’approche du libre à la réalisation des biens informationnels en général. La question est donc posée de savoir si le modèle du libre préfigure des évolutions majeures en termes de modèles économiques et de propriété intellectuelle.
Les enjeux éducatifs des logiciels libres s’inscrivent dans ces enjeux généraux. Il y a des enjeux financiers, la question étant moins celle de la gratuité que celle du caractère « raisonnable » des coûts informatiques. Les logiciels libres permettent de réduire d’une manière très significative les dépenses informatiques dans le système éducatif. Les collectivités locales sont de plus en plus sensibles à cet aspect des choses, notamment pour l’équipement des postes de travail en logiciels bureautiques. Ainsi, la suite bureautique OpenOffice.org et sa licence LGPL permettent aux élèves et aux enseignants de retrouver au domicile leurs outils informatiques, sans frais supplémentaires et en respectant la légalité. Mais, les enjeux sont aussi pédagogiques. On s’est vraiment approprié une notion quand on est capable de la reconnaître dans des contextes différents : l’univers éducatif ne peut qu’être pluraliste et cela implique en particulier la diversité des environnements scientifiques et techniques. La compréhension des systèmes suppose l’accès à leur « secret de fabrication ». Il y a de ce point de vue une convergence entre les principes du libre et les missions du système éducatif, la culture enseignante de libre accès à la connaissance et de sa diffusion à tous, de formation aux notions et non à des recettes. Des formes de travail en commun des enseignants et d’usages coopératifs supposent des modalités de droit d’auteur facilitant l’échange et la mutualisation des documents qu’ils produisent. On retrouve là encore l’approche du libre. Et il y a bien sûr l’importante question de l’édition des ressources pédagogiques, dont on verra ci-après les convergences avec le libre, au plan des modes de réalisation et des réponses en matière de droit d’auteur.
Le logiciel libre dans l’informatique éducative
Les logiciels libres connaissent des déploiements nombreux et divers dans le système éducatif. Le « long fleuve » du libre, s’il n’est pas toujours tranquille, n’en poursuit pas moins son cours. Dans l’éducation comme ailleurs, le libre rencontre des résistances qui ne sauraient surprendre en raison notamment des enjeux économiques forts dont il fait l’objet. Mais on peut parler désormais d’une forme de consensus quant à sa place dans le système éducatif, qui ne se discute plus. La « querelle » libre/propriétaire est de ce point de vue dépassée, le logiciel libre étant devenu sans conteste une composante à part entière de l’informatique éducative.
Dans l’Éducation nationale, comme dans les entreprises et les administrations, l’essor du libre a démarré par les infrastructures : dans les services académiques et l’administration centrale du Ministère, Linux équipe la quasi-totalité des quelques 1 500 serveurs qui hébergent les grands systèmes d’information de l’Éducation nationale. Dans les établissements scolaires et les écoles, près de 15 000 serveurs Linux « prêts à l’emploi » ont été déployés dans le cadre du programme SIIEE (Services intranet/internet des établissements scolaires et des écoles) : Slis, SambaEdu, Eole, Pingoo... Dans les écoles primaires, on trouve les solutions AbulEdu, SkoleLinux, l’ENT Iconito, Class@Tice...
L’équipement en logiciels des postes de travail est concerné, avec la suite bureautique OpenOffice.org, le navigateur Firefox, le logiciel de messagerie Thunderbird. C’est ainsi qu’à la rentrée scolaire 2007, la région Île-de-France a diffusé 200 000 clés USB comportant des logiciels libres, à l’intention des lycéens de seconde, des apprentis et de leurs professeurs [3]. Les logiciels pédagogiques ne sont pas absents avec, par exemple, Des logiciels libres pour l’école du cycle 1 au cycle 3, Freeduc-CD, Dr Géo, la Clé en main des collégiens de Seine-Maritime [4], Collatinus, les productions de l’association Sésamath. Cette dernière a, par ailleurs, proposé, à la rentrée scolaire 2006, le premier manuel scolaire libre pour la classe de cinquième (coédité avec Génération 5) qui s’est vendu à 70 000 exemplaires et, à la rentrée 2007, un manuel libre pour la quatrième [5], vendu, lui, à 90 000 exemplaires. La rentrée 2008 verra la parution du manuel libre pour la classe de troisième.
Un fonctionnement en réseau
Le pôle de compétences logiciels libres du Scérén joue naturellement un rôle de premier plan dans la conception, la définition et la mise en oeuvre de la politique nationale du réseau dans le domaine du libre. Ses champs d’intervention sont les logiciels en tant que tels (applications pédagogiques spécifiques et outils transversaux, comme les traitements de texte, les navigateurs..., dont l’utilisation pédagogique est plus que significative, logiciels d’infrastructure avec les systèmes d’exploitation ou les ENT...), les ressources pédagogiques (autres que les logiciels), les questions d’intérêt général (droit d’auteur, propriété intellectuelle...), le libre étant simultanément élément de réponse et outil de réflexion. Avec en toile de fond, la préoccupation de donner des éléments d’une culture du libre (sa philosophie, ses licences de logiciels et de ressources [6]), de faciliter la compréhension des problématiques liées aux formats et standards ouverts, à l’interopérabilité, sans oublier les enjeux du travail collaboratif.
L’activité du pôle s’organise autour de trois objectifs principaux : informer, fédérer et conseiller. Il mène une action d’information de la communauté éducative, afin d’aider à faire les choix. Les modalités sont diverses : organisation et/ou participation à des journées, séminaires, colloques, salons ; textes, articles ; sites web. On peut mentionner, entre autres, la présidence depuis 2000 du cycle Éducation du salon Solutions Linux, les journées Autour du libre organisées par le CNDP et les écoles nationales supérieures des télécommunications, les salons Educatec et Educatice, les Rencontres mondiales des logiciels libres, les colloques internationaux d’ePrep (consacrés aux TICE dans les classes préparatoires aux Grandes écoles), l’Université de la communication d’Hourtin, les Rencontres de l’Orme, AppleExpo... On peut également citer les participations à des initiatives de CRDP, d’académies, de corps d’inspection, d’IUFM, de l’association des bibliothécaires de France, de collectivités locales (conseils généraux, associations de maires...).
Le pôle est une structure institutionnelle qui entretient des rapports souples et diversifiés avec la communauté du libre et la communauté enseignante, dans une logique d’intérêt mutuel et de fonctionnements horizontaux et de réseau, bien dans l’esprit du libre et d’Internet. Il fédère les initiatives, les compétences et les énergies. Il est amené à coopérer avec de nombreux acteurs, institutionnels ou partenaires de l’Éducation nationale, comme les collectivités locales [7], les entreprises, les associations... Il met en relation les CRDP, contribue à promouvoir, à soutenir leurs actions et en accroître la visibilité (voir les notes de l’article). Il favorise les synergies et le développement de leurs initiatives complémentaires, en les positionnant dans un contexte global cohérent.
Le pôle coordonne des actions de conseil, d’aide, d’expertise, de réalisation, d’édition et d’accompagnement. Là encore on retrouve des synergies entre les institutions et les acteurs du libre dont la conjonction des efforts est gage d’efficacité et de créativité.
Un nouveau modèle éditorial
Dans l’éducation, le libre c’est le logiciel mais également (et peut-être surtout) les ressources pédagogiques. Dans ce domaine, le « vaisseau-amiral » est l’association Sésamath (www.sesamath.net), qui regroupe une soixantaine de professeurs de mathématiques de collège. C’est un partenaire de longue date du pôle de compétences logiciels libres du Scérén. De l’ordre de 400 contributeurs-auteurs utilisent régulièrement les outils de travail coopératif mis en place par l’association : Wiki, Spip, forums, gestionnaire de fichiers et listes de diffusion, plate-forme de travail collaboratif. Sésamath, qui s’occupe essentiellement des relations avec les institutions et les partenaires, ne soutient que des projets collaboratifs. Elle est animée d’une volonté forte de production de ressources sous licence libre, et si possible formats ouverts. L’ensemble des sites de Sésamath comptabilise de l’ordre d’un million de visites par mois. Parmi les projets que l’association soutient figure Mathenpoche. Dix académies hébergent le logiciel sur un serveur local, en plus du serveur mis à disposition par Sésamath pour les professeurs des autres académies, en partenariat avec le CITIC74. Ce sont ainsi 5 000 professeurs qui utilisent la version réseau de Mathenpoche à laquelle sont inscrits 260 000 élèves. Plus de 160 000 connexions élèves sont comptabilisées sur les serveurs chaque mois. À cela, il faut ajouter 236 000 connexions en accès libre sur le site public de Mathenpoche. Les manuels Sésamath 5e et 4e, fruits l’un et l’autre du travail collaboratif d’une cinquantaine de collègues, ont connu le succès que l’on sait.
L’association a le soutien d’inspections pédagogiques régionales, notamment celles des académies de Créteil et de Paris. Elle a été invitée par l’Inspection générale de mathématiques à intervenir lors du séminaire national DGESCO-IG sur l’Utilisation des outils logiciels dans l’enseignement des mathématiques [8]. Elle est également soutenue par différents conseils généraux, celui de Seine-et-Marne en premier lieu. Pour pérenniser son action, l’association a souhaité établir des partenariats avec l’institution éducative. Le CRDP de Lille a ainsi édité des cahiers sur Mathenligne (et des cédéroms) à partir des ressources web de Sésamath, qui se sont vendus à plus de 100 000 exemplaires. Un partenariat a été conclu avec Génération 5 et le CRDP de Paris pour l’édition des livrets d’accompagnement de Mathenpoche (plus de 20 000 exemplaires ont été vendus aux rentrées scolaires 2005 et 2006).
On sait que le numérique et les réseaux ont plongé l’édition scolaire (et l’édition en général) dans une période de turbulences [9]. D’un côté, Sésamath met librement et gratuitement ses réalisations pédagogiques sur la Toile. De l’autre, elle procède à des coéditions, à des prix « raisonnables », de logiciels, de documents d’accompagnement, de produits dérivés sur support papier avec des éditeurs, public et privé, à partir des ressources mises en ligne sur la Toile. Le succès est au rendez-vous. La question est posée de savoir si ce type de démarche préfigure un nouveau modèle économique de l’édition scolaire, dans lequel la rémunération se fait sur le produit papier, sur le produit dérivé, le produit hybride et par le service rendu.
Dans ce nouveau modèle éditorial, le CNDP et les CRDP occupent une position institutionnelle privilégiée. En effet, ils sont éditeurs mais ils assurent aussi une mission de mise à disposition des enseignants de ressources pédagogiques et de documentation. Ils les accompagnent dans l’utilisation des TICE afin d’en faciliter les usages. Et ces missions donnent lieu à des animations, des rencontres qui sont de multiples et excellentes occasions de contribuer à réaliser des produits avec les auteurs-utilisateurs que sont les enseignants. Leur nature d’établissement public d’enseignement place le CNDP et les CRDP en bonne position pour nouer des relations privilégiées et travailler avec les enseignants (qui constituent un véritable vivier d’auteurs collectifs), des associations, des collectivités, des éditeurs privés, des sociétés, pour développer des partenariats, des coopérations, des coéditions. Ainsi, par exemple, le cédérom multi plate-forme Des logiciels libres pour l’école du cycle 1 au cycle 3, a été réalisé en étroite collaboration avec des enseignants du terrain qui ont rédigé des fiches d’accompagnement, notamment lors de formations de circonscription [10]. Initialement fruit d’une coédition des CRDP de Paris et de Versailles, en partenariat avec Apple, il a été diffusé à des milliers d’exemplaires. À la rentrée scolaire 2006, l’inspection académique de l’Yonne en a commandé 400 exemplaires pour le distribuer dans toutes les écoles du département et en faire un support du développement de sa politique TICE.
Mutualisation et partenariats
Consolidation d’actions entreprises ou initiatives nouvelles, les projets ne manquent pas, dans la continuité de l’activité diversifiée déployée ces années passées. Les logiciels libres suscitent moult débats et réflexions. C’est fondamentalement une « bonne chose », étant donné que les technologies de l’information et de la communication irriguent et transforment tous les secteurs de la société : le défi est donc de « comprendre » les mutations pour les anticiper, les intégrer et les accompagner. Le pôle a toujours manifesté un souci d’informer largement sur le libre dans des démarches de vulgarisation et de participer à la réflexion sur les enjeux pédagogiques et sociétaux du libre, comme en témoignent les nombreux articles parus dans des revues, parmi lesquelles Médialog, et sur des sites web. Il continuera en ce sens, en particulier par sa présence dans les « événements », de natures diverses, dédiés au libre ou consacrés aux TICE en général, organisés ou non par les centres du réseau, locaux et nationaux. Ils sont des lieux et des moments privilégiés pour informer sur ce qui se fait globalement et sur ce que fait le Scérén, dialoguer avec la profession enseignante, nouer des relations fructueuses avec les collectivités locales, les entreprises, les associations.
L’objectif de poursuivre les partenariats avec Sésamath est évident. Il est aussi de susciter dans la mesure du possible des productions collaboratives d’enseignants dans d’autres disciplines. Une étude pourrait être menée, en coopération avec des chercheurs, pour mettre en évidence les raisons qui ont permis la naissance et le succès de Sésamath. Certaines sont d’ores et déjà bien identifiées : vision et identités communes de ses membres, organisation pour fédérer les contributions volontaires dans une espèce de synthèse de « la cathédrale et du bazar », réponses à des besoins non ou mal couverts, présence au sein de l’association d’un nombre conséquent d’enseignants ayant des compétences en informatique...
L’école primaire est une priorité ministérielle. Un projet Des solutions libres pour le primaire est à l’étude, visant à faciliter l’offre de services des CDDP en direction des municipalités pour l’équipement des écoles, en organisant la mutualisation et le transfert des compétences au sein du réseau. Les demandes des communes portent sur les salles informatiques, les réseaux, les ENT, les logiciels, dans l’optique des usages et de la mise en oeuvre du B2i. Les CDDP doivent être en mesure de fournir les prestations de services suivantes : expertise, conseil, aide aux maîtrises d’ouvrage et d’oeuvre, accompagnement... Un tel projet aura des dimensions techniques (connaissance des solutions existantes : AbuEdu, Skolelinux, Iconito, Edutice, Intrascol, Edubuntu, Class@Tice...), méthodologiques (comment mener à bien pareils projets de coopération avec les collectivités), pédagogiques (connaissance et usages des logiciels pour le premier degré, statuts éducatifs des TIC).
Le travail en commun, la mutualisation sont une tradition dans le réseau Scérén. Ils permettent aux uns de bénéficier des compétences des autres et ainsi de mieux répondre aux demandes du système éducatif et des collectivités locales. C’est une nécessité tant les domaines d’intervention sont vastes et complexes. Il faut fédérer les énergies, les savoirs et les savoir-faire. C’est l’un des apports du pôle. D’une manière plus systématique, avec les moyens correspondants, la mise en place de groupes de travail et de réflexion sera encouragée. Chaque action est susceptible de donner lieu à la création, plus ou moins formalisée, d’un groupe, avec des préoccupations de réalisme, faisabilité, efficacité. Sur une base de volontariat, l’ensemble du pôle est force de proposition, pour des groupes correspondant à des déploiements opérationnels, des réalisations, des réflexions sur des sujets d’intérêt général ou propres au réseau. Cela vaut pour des solutions serveurs, des observations d’usages, les modalités de mise à disposition de ressources pédagogiques, la mise en place du libre dans les médiathèques des CRDP, la prise en compte de la francophonie, une chaîne éditoriale de bout en bout comme Scénari, un « wikipédia éducatif », des banques d’images, de photos libres de droit... Les thèmes sont légion : modalités de droit d’auteur faciles à gérer par les enseignants, explicitation de ce que l’on peut faire ou ne pas faire avec un document...
Un laboratoire du futur
Désormais solidement installé dans la société en général, et dans l’éducation en particulier, le libre, comme nous l’avons vu, ne concerne pas uniquement les logiciels, mais aussi les ressources [11]. Il est à la fois réponse concrète, à grande échelle, à des problèmes réels et laboratoire du futur : le pôle de compétences logiciels libres du Scérén est donc structure d’action et de réflexion, ce qui l’amène, prospective oblige, à sortir des sentiers battus. Sa force réside dans sa capacité à fédérer, ponctuellement ou sur le long terme, dans des partenariats classiques ou d’une manière informelle comme c’est souvent le cas dans la sphère de l’Internet et de l’immatériel, des acteurs de l’éducation, internes ou externes au système éducatif (entités institutionnelles, collectivités locales, auteurs, associations, personnalités...), dans le respect de l’indépendance et de la spécificité des uns et des autres. Elle est aussi dans sa prise en compte des mutations engendrées par l’immatériel et les réseaux : enseignants-auteurs qui modifient le paysage éditorial, partage de la certification de la qualité, validation par les pairs, redistribution des rôles respectifs des structures verticales et horizontales... L’alchimie qui mène au bon compromis entre « la cathédrale et le bazar », entre la rigueur nécessaire des procédures qui ont fait leurs preuves et la créativité foisonnante, parfois déroutante aux yeux de certains, peut ne pas être toujours évidente à trouver. Mais l’ouverture du code et celle de l’esprit cheminent ensemble. C’est un gage de succès. En témoignent les affluences nombreuses dans les tables rondes et conférences organisées par le pôle de compétences logiciels libres du Scérén et sur son « village », par exemple dans les salons Solutions Linux et Educatice.
Jean-Pierre Archambault CNDP-CRDP de Paris Coordonnateur du pôle de compétences logiciels libres du Scérén
Paru dans Médialog n° 66 de juin 2008, Forum, p. 38-43.
[1] Aix-Marseille, Amiens, Besançon, Bordeaux, Caen, Clermont-Ferrand, Créteil, Dijon, Grenoble, Lille, Limoges, Lyon, Montpellier, Nancy-Metz, Nantes, Orléans-Tours, Paris, Poitiers, Rennes, Rouen, Strasbourg, Toulouse, Versailles.
[2] http://www.aful.org/education/accord.html.
[3] Voir Logiciels & cédéroms, Médialog n° 64, p. 34-35.
[4] Voir Logiciels & cédéroms, Médialog n° 64, p. 34-35.
[5] http://manuel.sesamath.net
[6] Michèle Drechsler, Creative Commons dans le paysage éducatif de l’édition, rêve ou réalité ?, Terminal n° 97-98. http://logiciels-libres-premierdegresceren.fr/article.php3 ?id_article=623.
[7] Voir l’Adullact (Association des Développeurs et des Utilisateurs de Logiciels Libres pour l’Administration et les Collectivités Territoriales) : http://www.adullact.org/
[8] Lors de ce séminaire (5 et 6 février 2007), était proposé un atelier intitulé « Sésamath : quel rôle des communautés d’acteurs dans la constitution des ressources pour les élèves ? ». Les actes du colloque sont téléchargeables sur : http://eduscol.education.fr/D0217/actes_math_et_tice.pdf.
[9] J.-P. Archambault, Les turbulences de l’édition scolaire, colloque SIF2005 « Les institutions éducatives face au numérique » organisé par la Maison des Sciences de l’Homme de Paris-Nord. http://sif2005.mshparisnord.org/pdf/Archambault.pdf.
[10] Voir « Des logiciels libres pour l’école », Médialog n° 54, http://www.ac-creteil.fr/medialog/ARCHIVE54/logiciels54.pdf, Michèle Drechsler, Macroscope sur le cédérom « Des logiciels libres pour l’école du cycle 1 au cycle 3... », Ac-tice n° 42, et Jean-Pierre Archambault et Michèle Drechsler, Des enseignants auto-producteurs, Médialog n° 52, http://lamaisondesenseignants.com/download/document/jpamd52.pdf.
[11] J.-P. Archambault, Naissance d’un droit d’auteur en kit ?, Médialog n° 55. http://www.ac-creteil.fr/medialog/ARCHIVE55/jpa55.pdf.
Le réseau Scérén dans le développement des logiciels libres :
CRDP D’AIX-MARSEILLE Correlyce, catalogue ouvert de ressources éditoriales en ligne pour les lycées de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Infrastructure serveur du centre en cours de passage sous Linux. Partenariats avec les acteurs du libre de la région. Intégration du thème du libre dans les Rencontres de l’Orme.
CRDP DE BORDEAUX (CDDP des Landes) Freeduc-école, logiciels pour l’école primaire (de l’association Ofset). Coordination de la traduction de Squeak en français (environnement de programmation dynamique, conçu à l’origine pour des applications éducatives). Participation à Skolelinux (distribution Debian-edu développée spécialement pour les écoles).
CRDP DE CAEN Slis (serveur de communication), SambaEdu (serveur pédagogique) et Lcs (serveur de communication orienté « réseaux intranet ») : développement et déploiement dans l’académie dans le cadre des ENT (151 collèges et 61 lycées).
CRDP DE GRENOBLE (CDDP de Haute Savoie) Déploiement de Pingoo (serveur de communication, serveur de fichiers). Pilotage du projet Eva-web (site web collaboratif fonctionnant à partir de Spip).
CRDP DE LYON Développement du logiciel Oscar (outil système complet d’assistance réseau) et accompagnement de son utilisation. Déploiement du serveur de communication pédagogique Scribe dans le département du Rhône.
CRDP DE PARIS Co-édition des Cahiers Mathenpoche avec Sésamath et Génération5. Clé en main en coédition avec Mostick et le CRDP de Rouen. Des logiciels pour l’école du cycle 1 au cycle 3, coédité avec le CRDP de Versailles et en partenariat avec Apple. Expérimentation Edutice-Iconito dans le 13ème arrondissement de Paris avec Mandriva, Intel et Cap-Tic. Membre du pôle de compétitivité System@tic d’Île-de-France (logiciels libres).
CRDP DE POITIERS Intrascol (solution logicielle pour la mise en réseau des écoles).
CRDP DE RENNES Logiciel ESU 4, inclus dans Scribe (environnements sécurisés des utilisateurs). Cédérom pour les écoles du Finistère.
CRDP DE ROUEN (CDDP de Seine-Maritime) En partenariat avec le CRDP de Paris, expérimentation de Clé en main pour des élèves de troisième du département de Seine-Maritime.
CRDP DE VERSAILLES Slis, SambaEdu, LCS Accompagnement de l’opération 200 000 clés USB de la Région Île-de-France avec les CRDP de Paris et de Créteil.
CNDP Opérateur du dispositif SIALLE (Service d’informations et d’accès aux logiciels libres éducatifs) en liaison avec des CRDP.
Photo : Third Grade class using the computer lab publiée sous licence Creative Commons by-sa par "extraketchup" sur Flickr.com
Commentaires
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:: question :: précision :: avis :: commentaire :: bug ::
Favoriser l’essor du libre à l’École , le 22 avril 2011 par cévennes libres (0 rép.)
Favoriser le libre peut se faire en proposant des ordinateurs à bas côut.
Nous avons créé une association de promotion du libre qui récupére des ordinateurs et les redistribue à bas coût pour les écoles primaires et maternelles.
Nous redistribuons chaque année près de 800 postes.
Les logiciels sont aussi des logiciels moins gourmand qui se satisfont de configurations légères.
Le site de l’asso : http://cevenneslibres.net
Le type de machine reconditionnée : http://ordi-solidaire.fr
Benjamin, bénévole à Cévennes Libres
-----> http://cevenneslibres.net
Favoriser l’essor du libre à l’École , le 26 juillet 2009 par inead (0 rép.)
Le développement des logiciels libres dans le système éducatif ne repose pas uniquement sur des considérations financières
La preuve en est que le libre se développe très rapidement dans les institutions privées, peut-être plus vite que dans les écoles publiques.
-----> http://www.inead.fr
Favoriser l’essor du libre à l’École , le 23 août 2008 par MA (0 rép.)
Favoriser l’essor du libre à l’École , le 14 juillet 2008 par Robert (0 rép.)
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