• Auteur : Lawrence Lessig (Traduction : Framasoft)
  • Date : 18 mars 2005 (23 mars 2005)
  • Licence : Creative Commons BY link_license
  • Site : URL d’origine du document

Plus jamais

Lawrence Lessig est l’un des créateurs des licences Creative Commons [1]. Professeur de droit de l’université de Stanford, il milite depuis plusieurs années pour une "libre" diffusion du savoir. Et voilà qu’il applique maintenant ses préceptes dans le cadre de son activité professionnelle [2].

Ce texte est un billet publié sur son blog le 15 mars 2005. Merci à la "communauté framasoftienne" d’avoir effectué sa traduction française.

J’ai fait quelque chose aujourd’hui pour la toute dernière fois de ma vie. Je suis en train de faire publier un commentaire dans le Minnesota Law Review au sujet d’un article de Brett Frischmann intitulé "Théorie économique de l’infrastructure". C’est un excellent article, et j’étais ravi d’écrire ce commentaire.

Mais aujourd’hui, alors que je suis sur le point de le publier, je suis confronté à "l’Autorisation de Publication". Pour donner mon travail au Minnesota Law Review, je dois également leur céder mes droits d’auteur. En particulier, ils se réservent "le droit exclusif d’autoriser la publication, la reproduction et la diffusion" de mon travail. Ils ont à leur tour vendu ce droit à Lewis et Westlaw.

Plus jamais ca. Cela m’a pris trop de temps pour débrouiller cette affaire, et l’article était déjà trop avancé pour exiger autre chose. Mais à partir de maintenant, je m’engage à respecter le serment de la libre accessibilité :

Je ne publierai plus dans un journal universitaire qui ne me permette pas au minimum les libertés d’une license Creative Commons Attribution Noncommercial.

C’est bien sûr bien moins que ce qu’exige Richard Stallman. Mes idées sur le sujet sont plus confuses que les siennes. Je ne suis pas encore convaincu par la suppression de la restriction non-commerciale dans le domaine des livres par exemple [3]. Néanmoins, il n’y a plus de raisons aujourd’hui, intellectuelles ou institutionnelles, pour que la publication de travaux universitaires me demande plus que cela. Et à partir du moment où une publication m’en demanderait plus, je ne l’accepterais pas.

A l’heure actuelle, je ne connais qu’un journal juridique qui sera bientôt en mesure de publier mon travail. J’espère qu’il y en aura d’autres. Mais en attendant, il n’y aura plus de commentaires d’articles juridiques écrits par Lawrence Lessig : un soulagement pour certains, sans nul doute, une perte pour personne, à confirmer.

[1] Voir l’article de présentation des Creative Commons et les autres articles consacrés à ces licences dans la rubrique Free culture. NdE.

[2] Lessig avait déjà placé un ouvrage non universitaire en libre accès. NdE.

[3] Richard Stallman, créateur du projet GNU, est l’un des inspirateurs/créateurs de la licence publique générale GNU qui permet à l’utilisateur final non seulement de copier, de diffuser et de modifier un logiciel, mais aussi de le distribuer dans un cadre commercial, ce que ne permet pas la licence Creative Commons "Non commercial" choisit par Lawrence Lessig. NdE.

Commentaires

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> Plus jamais , le 22 mars 2005 par Alouette (0 rép.)

Bonjour,

Je suis bien d’accord avec cet homme. J’ai créé deux sites pour diffuser librement de l’information universitaire spécialisée pour laquelle je me sentais "honorablement" compétent dans mon domaine (enfin, tout est relatif). Ceci dit, je salue sa démarche et je le fais savoir.

Les revues de haut niveau comme Persée (et d’autres) sont fabuleusement riches en documentation libre d’accès. D’un autre côté, Google fait la démarche d’avaliser une signature américaine et commerciale sur le savoir humain. Et puis qui d’autre et pour quelle fin ? Le Gouvernement français semble frémir d’anxiété à ce propos et prépare, je l’espère de tout coeur, une saine démarche pour pallier à ce fléau virtuel qu’est la dévoration commerciale des multiples représentations du Sujet humain, en tout cas, au sein de la Francophonie.

Il faut rendre à l’écriture, à l’analyse, à l’estimation de la réalité son potentiel premier, développemental, ontogénétique. Il n’y a qu’un seul chemin, se dégager de la logique du support pour mieux poser le regard salvateur. Actuellement, il s’agit plus d’une question de forme que de fond pour poser le geste qui sauve la dignité première de la pensée par rapport à ses supports.

Cordialement, Alouette

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