• Auteur...: Florent Verschelde (alias mpop)
  • Date.....: 1er juin 2006 (2 juin 2006)
  • Licence..: Creative Commons BY-ND link_license
  • Site.....: URL d’origine de l’article

Une histoire de mots : culture libre et libre diffusion

L’illustration, dont le sens m’échappe, est de Gwire sous licence Creative Commons BY.

En septembre 2005, Dana Hilliot proposait dans la Tribune Libre de Framasoft un article intitulé « Bref éloge de la licence Creative Commons nc nd ». Il y vantait l’utilité d’une licence - c’est à dire d’un contrat-type - massivement utilisée par nombre d’artistes pour favoriser la diffusion de leurs œuvres, tout en conservant la majeure partie de leurs prérogatives d’auteur.

Cet article, ailleurs que sur Framasoft, serait sans doute passé plus ou moins inaperçu. Mais sur ce site communautaire dédié aux logiciels libres et au monde du libre en général, il fut très rapidement l’objet d’une controverse : une œuvre diffusée sous une licence somme toute assez restrictive pouvait-elle être qualifiée de « libre » ? Ne s’agissait-il pas plutôt d’une manœuvre de la part de certains artistes, visant à profiter de la connotation positive associée au libre ?

J’avais à l’époque esquissé une réponse et, si vous me le permettez, j’aimerais la reprendre ici.

La Creative Commons BY-NC-ND n’est pas une licence libre

Ce n’est un secret pour personne : les licences de type Creative Commons s’inspirent directement des licences libres utilisées pour la diffusion des logiciels libres [1]. Peut-on pour autant parler de « licences libres pour les œuvres non logicielles » ? On peut en douter.

La définition du logiciel libre, inspirée par les réflexions de Richard Stallman, est donnée par la Free Software Foundation. Cette définition est très stricte, et on considère généralement qu’un logiciel ne peut être qualifié comme « libre » que s’il remplit certaines conditions. Par exemple, la licence libre qui définit les conditions d’utilisation du logiciel doit garantir le droit de rediffusion, que cette rediffusion soit commerciale ou non.

À l’inverse, les « licences libres » créées pour des œuvres littéraires ou artistiques, ou plus généralement pour toutes les œuvres de l’esprit à l’exception du logiciel, sont beaucoup plus souples. Certaines licences utilisées pour diffuser des œuvres de l’esprit, comme par exemple les licences Creative Commons comportant une clause NC (usages commerciaux interdits), ne répondent pas aux critères caractéristiques du logiciel libre. Certaines, comme la licence Creative Commons BY-NC-ND, sont même très restrictives [2], et ne permettent qu’une diffusion non commerciale sans accord spécifique et ponctuel de l’auteur. Techniquement parlant, la licence Creative Commons BY-NC-ND n’est donc pas une licence libre.

Dans ces conditions, parler de « licence libre » pour ces licences Creative Commons est perçu comme un abus de langage. Voire même comme une manœuvre cynique de récupération : « Regardez, ma musique est libre ! Écoutez-la, partagez-la, rendez-moi célèbre dans toute la communauté du logiciel libre ! »

L’adjectif « libre » est-il librement utilisable ?

Les défenseurs du logiciel libre ont peut-être raison lorsqu’ils luttent contre ces amalgames, quelles qu’en soient les motivations. [3] Par contre, ils oublient quelque chose d’essentiel : ils n’ont pas le monopole de l’adjectif libre.

Pour rappel, avant d’être massivement utilisé pour traduire en français la notion de « free software », cet adjectif faisait déjà partie intégrante de la langue française, et disposait d’un ensemble de significations propres, faisant parfois l’objet de débats philosophiques acharnés. La notion de logiciel libre est venue rajouter une signification à l’ensemble de celles qui existaient auparavant, une signification codifiée de manière stricte et précise.

Qu’en est-il des autres œuvres de l’esprit ? Si l’on parle de « musique libre » ou de « culture libre », que fait-on exactement ? On ne tente pas une récupération cynique des valeurs du logiciel libre ! Au contraire, en s’inspirant parfois de ces valeurs, et en s’en éloignant sur de nombreux points, on construit une nouvelle signification de l’adjectif libre. Il suffit alors, pour éviter les confusions, de définir autant que possible cette nouvelle notion, et de garder à l’esprit que libre comme musique et libre comme logiciel sont deux choses différentes.

Certains craindront malgré tout que des confusions s’installent. Bien sûr, on ne peut pas éviter que, ponctuellement, certains amalgames soient faits. Mais condamner à l’avance toute utilisation de l’adjectif libre dans le domaine de la diffusion des œuvres de l’esprit pour protéger la notion de logiciel libre, ce serait faire bien peu de cas des capacités humaines à jongler avec les subtilités linguistiques ! Ce serait oublier que l’on apprend aux enfants, dès les grandes classes de l’école primaire, que le sens des mots n’est pas monolithique, et qu’un même mot peut accepter plusieurs sens.

Pour ma part, je suis convaincu que Logiciel Libre et Culture Libre peuvent coexister sans pour autant se confondre.

Quelle terminologie adopter ?

On pourrait en rester là. Proclamer que Musique Libre et Logiciel Libre peuvent coexister pacifiquement. Pourtant, les artistes publiant leurs œuvres sous licences de type Creative Commons auraient beaucoup à gagner en marquant plus clairement la distinction entre œuvres culturelles et logiciels. Pour cela, je propose de parler de libre diffusion.

Qu’est-ce que la libre diffusion ? C’est le plus petit dénominateur commun aux six principales licences Creative Commons, à la Licence Art Libre, et aux autres licences que l’on peut maintenant qualifier de licences de libre diffusion. Quelles que soient les permissions accordées à priori par ces licences, ou les restrictions imposées, il reste une constante : l’utilisateur est libre de (re-)diffuser l’œuvre, sans accord spécifique et ponctuel de l’auteur, tant que cette diffusion se passe dans un cadre non commercial.

En utilisant cette définition minimale et pragmatique, on insiste également sur ce qui est sans doute l’essence même de la culture et de la musique libre : l’auteur renonce - en partie - au monopole sur la diffusion que lui accorde le droit d’auteur, et reconnaît au public un droit de partage de la culture et des savoirs.

Choisir les termes « libre diffusion », c’est s’adresser aux non-initiés pour commencer à leur expliquer les spécificités de ce mode de diffusion de la culture.

À l’inverse, les termes « musique libre » ou « culture libre » sont plus opaques pour qui ne s’est jamais penché sur la question. Ils sont par contre plus fédérateurs dans un contexte idéologiquement marqué. Pourquoi alors ne pas combiner l’évocation idéologique et la définition pragmatique ? Voici par exemple ce que pourrait donner une petite définition de la musique libre (dite aussi musique en libre diffusion) :

On appelle Musique Libre l’ensemble de la musique sous licence de libre diffusion, c’est à dire l’ensemble des morceaux, compositions et enregistrements pour lesquels les auteurs et interprètes ont accordé au public un droit d’échange, de partage et de rediffusion.

[1] On peut citer la plus utilisée des licences libres, la GNU General Public Licence.

[2] Voir le descriptif en français de cette licence. En particulier, la clause ND interdit à l’utilisateur de modifier l’œuvre... on est donc très loin des principes fondateurs du logiciel libre, dont le code source est ouvert et librement modifiable.

[3] Des motivations qui sont, bien entendu, beaucoup moins caricaturales que dans l’exemple ci-dessus.

Commentaires

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Une histoire de mots : culture libre et libre diffusion , le 18 juin 2006 (3 rép.)

C’est écrit avec les pieds. Et vous le savez. La même chose avec le ventre comme les chanteurs...

Sans titre , le 21 juin 2006 par mpop

C’est écrit avec les pieds. Et vous le savez. La même chose avec le ventre comme les chanteurs...

 ???

Une histoire de mots : culture libre et libre diffusion , le 24 juin 2006 par kaneda_aka_tetsuoka

Encore un courageux... lol

Une histoire de mots : culture libre et libre diffusion , le 28 juillet 2006 par william Massias

Et bien, c’est pas cool, le libre, dés que l’on touche un tant soit peu à ce qui m’apparait s’aparenter à un dogmatisme étroit. Ce n’est pas une réponse que de s’en prendre à la seule forme du texte. Ce n’est pas non plus une réponse que de faire de l’ironie sur le "courage" de l’auteur. Et c’est encore une fois une sacrée dérive et un paradoxe fabuleux : Le libre prétend à quelque chose d’universel, mais il faut avoir 18/20 en expression écrite pour pouvoir en parler ! La guéguerre ou "touche pas à mon libre" ! Pourtant tout n’est pas à jeter dans cet article. Entre autre que logiciels et création artistique ne sont pas la même chose. Où commence et s’arrête la notion de diffusion ? : ma fille qui me fait écouter Prisca ou qui me fredonne une chanson, c’est de la diffusion ? Je ne peut pas, à priori, utiliser un morceau de musique pour illustrer un diaporama retraçant un séjour avec des enfants avec qui je travaille. C’est de la dissusion ? Bien sur celà ce fait sans cesse. Mais c’est illégal. Alors il faudra bien un jour que la propriété jalouse cesse de jouer les hypocrites. Il manque juste un peu de bon sens dans cette crispation sur les droits propriétaires. Mettre un peu de réflexion sur la table, c’est plus que nécessaire. Les dérives "Mandriva" sont une drole de manière de voir le "libre". Ce n’est pas en brandissant le drapeau du libre et en le transformant en une forme de nouvel intégrisme que celà permet au "libre" de se faire connaitre pour ce qu’il est : l’excellent travail de développeurs plus que généreux qui mettent dans les mains de tout un chacun des outils fabuleux comme Gimp ou Ooo2. Il serait dommage que les débats d’églises occultent que sans ce travail et ces gens, le libre ne serait qu’une idée éphémère comme une bulle de savon.

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À qui la faute... , le 4 juin 2006 par Mushroom (5 rép.)

Àmha, vous manquez encore [1] le fond du problème :

La définition du logiciel libre, inspirée par les réflexions de Richard Stallman, est donnée par la Free Software Foundation. Cette définition est très stricte, et on considère généralement quun logiciel ne peut être qualifié comme « libre » que sil remplit certaines conditions. Par exemple, la licence libre qui définit les conditions dutilisation du logiciel doit garantir le droit de rediffusion, que cette rediffusion soit commerciale ou non.

M. Stallman, quelque soit par ailleurs l’intérêt de ses propos, ne saurait monopoliser à lui seul le sens d’un terme. D’autant qu’il a choisi libre (free) le sachant parfaitement ambigu (ne doit-il pas sans cesse rappeler Free as in free speech pour éviter les confusions avec "gratuit" ?).

De plus, libre a été choisi à des fins explicitement politiques (il fallait insister sur la notion de liberté, c’est pour cela qu’Open Source a été rejeté par la FSF : trop purement technique). Et c’est là qu’on touche — àmha toujours — véritablement au problème car une licence n’est jamais qu’une définition des conditions d’utilisation, partant elle est politiquement neutre [2]. À la limite on se moque donc que ce soit libre ou pas...

Il en va à l’inverse tout autrement lorsqu’on inscrit tout ça dans un projet politique commun, comme le font les libristes [3], car dès lors la licence devient la mise en application d’une doctrine [4]. Eux ont besoin d’un terme précis, d’un "blason" pour se rallier et définir "ce qui est le nôtre" et "ce qui est l’étranger". Et c’est là que commence le bal des casse-pieds et des pinailleurs librologues qui au lieu de se demander ce que permet telle ou telle licence, si elle est en adéquation ou non avec son objet et la stratégie de diffusion qui peut lui être attachée — bref, s’il y a quelque chose d’intéressant dans ce qui la sous-tend — se focalisent sur la question de savoir si "c’est libre ou pas", pire, si "ça a le droit de s’intituler libre ou pas".

Outre que cette problématique marque l’anéantissement de toute réflexion de fond [5], elle aboutit de fait à la scandaleuse revendication de propriété sur un mot commun et ô combien équivoque, libre, quand il suffirait de dire approuvé FSF [6]. Terme qui serait sans doute beaucoup plus approprié étant donné que, comme vous le reliez vous-même, le terme libre dans le milieu logiciel renvoie strictement à la doctrine développée par la FSF [7].

La faute de tous ces bavardages n’est donc peut-être pas tant du fait des gens qui emploient libre [8] avec toute la latitude que laisse le terme, que de celui des libristes eux-mêmes n’ayant pas bien saisi la nature militante (ie faisant appel à une terminologie idéologiquement marquée et circonscrite ne pouvant prétendre à l’universalité) de ce qu’ils faisaient [9].

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[1] Car c’est une vieille querelle...

[2] Je veux dire par là que son apposition n’est pas a priori un acte militant : Richard Stallman qui pose une GPL ne dit pas la même chose que Linus Torvalds posant une GPL et encore moins qu’Eric S. Raymond posant une GPL...

[3] Je désigne ici ceux qui suivent la FSF...

[4] Un acte militant, donc...

[5] Pourtant, il y a d’intéressantes réflexions à la FSF... notamment quant à savoir pourquoi un logiciel doit être "libre" au sens FSF, ce que jamais à ma connaissance personne n’a fait pour l’art...

[6] ou FSF orthodoxe, si on est facécieux... mais évidemment qu’on préfèrera "libre", car la FSF s’est bien et sagement gardée de se prononcer sur autre chose que le logiciel.

[7] C’est pas moi, c’est la FSF qui dit que... est un grand classique argumentatif lorsqu’un libriste veut a tout prix capturer le terme libre. C’est d’autant plus "amusant", qu’un argument d’autorité a autant de valeur que le crédit que son destinataire porte à cette autorité.

[8] D’ailleurs c’est oublier une expression très bien implantée en français : "libre de droit", qui ne renvoie aucunement à l’idée de copyleft... en fait ce qui est bien avec la liberté, c’est que personne n’est contre à partir du moment où on lui laisse déterminer où elle doit s’arrêter. Il ne faut donc pas s’étonner si après ça a les qualités de ses défauts (ou l’inverse)...

[9] Notez également que si jamais le mouvement BSD s’était approprié le mot libre avant la FSF, la GPL ne serait pas libre... preuve ou tout du moins indice que cela relève avant tout d’une définition de chapelle...

Merci pour cette intervention , le 4 juin 2006 par mpop

Merci Mushroom pour cette précieuse intervention.

Quant à savoir si je manque le fond du problème, tout dépend du problème que l’on se pose. La question que je me pose est plutôt de l’ordre de « comment les artistes et auteurs qui publient des œuvres sous licences Creative Commons et assimilées peuvent-ils se positionner :
- vis-à-vis du public (quel message fait-on passer ?) ;
- vis-à-vis de la “communauté” du logiciel libre. »

Ensuite, que l’utilisation de « libre » par le « logiciel libre » soit un acte militant, je n’en doute point. Je l’utilise d’ailleurs volontiers en alternance avec « open-source », selon la charge idéologique que je veux donner à mon propos.

Ce que je propose, c’est en quelque sorte de faire la même chose pour les œuvres culturelles : utiliser, selon le contexte, un terme relativement neutre (bien que pas totalement), et une expression plus chargée idéologiquement. « Libre diffusion » et « culture libre ».

Et au passage, j’explique pourquoi cela ne pose pas de problème (ou ne devrait pas poser de problème) vis-à-vis du logiciel libre.

C’est donc une réflexion pragmatique, qui occulte effectivement certaines réflexions plus larges. Mais cet article n’avait pas vocation à couvrir l’ensemble du problème.

À qui la faute... , le 4 juin 2006 par Mushroom

Vous manquez (selon moi) le fond du problème certes, mais je ne suis pas sûr que la faute vous en revienne [1]... je veux dire que si quelqu’un revendiquait un "logiciel libertaire", on irait sûrement contester que le logiciel est libertaire mais nullement le contenu du terme libertaire... le vrai problème, c’est donc que la FSF tente de phagociter un terme existant au lieu de faire ce que fait toute bonne idéologie, à savoir créer ses propres concepts [2].

Et au passage, j’explique pourquoi cela ne pose pas de problème (ou ne devrait pas poser de problème) vis-à-vis du logiciel libre.

Pas de problème, c’est vite dit... combien d’utilisateurs finaux savent ce qu’est un code source ? et comment comprendre quoi que ce soit au logiciel libre (et même open source) si on ne sait pas ce qu’est un code source ? Àmha encore, ça pose beaucoup de problèmes, parce que logiciel libre, ça sonne comme une publicité : on lève l’oreille, c’est libre donc c’est bien, mais personne ne sait exactement ce qu’on met dedans [3]...

Sur vos problèmatiques, maintenant, je pense que vous les posez de cette manière parce que vous pensez en militant... comme je l’ai dit, une licence est neutre [4], ce n’est donc pas — si vous êtes d’accord avec ce point — à vous (libristes) de déterminer par vote en assemblée ou quoi que ce soit de ce genre ce que l’auteur veut transmettre comme message par l’apposition d’une licence. C’est à lui et à lui seul : légalement, d’une part, idéologiquement d’autre part.

Si un auteur a envie de dire : moi la FSF je m’en moque mais je pose un GPL parce que c’est le copyleft que les gens connaissent le mieux, c’est son droit le plus strict. On n’a pas à en faire un libriste, un "membre de la bande" pour autant. Autrement, c’est comme dire que parce qu’on utilise Fetchmail, on est d’accord avec Eric S Raymond... les licences sont des outils, pas des tracts politiques.

Une CC-BY-NC-ND dit donc tout ce qu’elle doit dire, ni plus ni moins. Après c’est à l’auteur et à lui seul de donner un sens à son acte lorsqu’il la met. Ce sont ses convictions et sa responsabilité. Ça peut-être "je veux être le seul à me faire de l’argent sur mon oeuvre", ça peut aussi être "cette oeuvre ainsi achevée n’a et n’aura jamais de prix". La licence ne fait pas le message, la parole de celui qui publie — partant son positionnement par rapport au public — n’appartient donc à personne d’autre qu’à lui [5].

================

[1] Et puis d’ailleurs, je prends ici votre texte comme un objet, pas comme l’expression profonde de votre pensée et de votre être en général... je dis donc "vous" en tant que vous désincarné.

[2] Soit à partir de néologismes, soit à partir de termes peu usités alors... pour aller à l’extrême on aurait dit "soit un logiciel glabütz, tout logiciel qui permet X, Y et Z", et bien on aurait sûrement évité pas mal de débats inutiles car personne n’aurait revendiqué un droit de regard sur glabütz...

[3] Contre-partie : tout le monde y met un peu ce qu’il veut...

[4] Du moins sur un certain plan politique...

[5] Quant à se positionner par rapport au logiciel libre, je ne vois pas en quoi un auteur devrait se justifierauprès de la “communauté” du logiciel libre... sauf à considérer que le terme libre appartient à la FSF, ce qui me semble souffrir quelques réserves évoquées.

À qui la faute... , le 4 juin 2006 par Antoine

Dire que la FSF essaie de phagocyter un terme existant, c’est un peu couillon. Logiciel libre n’existait pas en tant qu’expression avant que la FSF n’en donne la définition.

De plus la définition du logiciel libre est reconnue beaucoup plus loin que les simples rangs des supporters de la FSF. Des tas de gens qui n’aiment pas la FSF se rangent néanmoins à la même définition du logiciel libre (ou une définition équivalente en effets : Open Source Definition, Debian Free Software Guidelines...).

Bref, à vouloir assimiler le logiciel libre à un mouvement politique piloté par la FSF, on part dans une tangente fallacieuse.

À qui la faute... , le 5 juin 2006 par Mushroom

Dire que la FSF essaie de phagocyter un terme existant, c’est un peu couillon. Logiciel libre n’existait pas en tant qu’expression avant que la FSF n’en donne la définition.

Effectivement, si on en était resté au logiciel libre, le problème aurait été plus limité [1], cependant c’est la FSF elle-même qui a effectué, ou tout du moins consacré, le glissement lorsqu’elle a énoncé le principe d’une documentation libre pour des logiciels libres. Le mot libre devient en effet par là autonome et tente d’appliquer un même corpus de règles à des objets différents.

Des tas de gens qui n’aiment pas la FSF se rangent néanmoins à la même définition du logiciel libre (ou une définition équivalente en effets : Open Source Definition, Debian Free Software Guidelines...).

La FSF marque très bien l’opposition entre Open-Source et Logiciel Libre [1], donc on ne peut absolument pas dire que l’Open Source Initiative (dont le but était de déposer le terme Open Source) se rallie à l’expression logiciel libre telle qu’employée à la FSF.

Pour ce qui est du projet Debian, l’Open Source Initiative est née d’un brouillon sorti du projet Debian, je ne suis donc pas sûr qu’on puisse parler de ralliement [2]. De plus Debian n’est qu’une distribution GNU/Linux [3] avec une audience limitée à celle de ses utilisateurs [4], je n’ai d’ailleurs jamais vu personne expliquer le libre en renvoyant à la prose Debian...

Or, si nous éliminons l’OSI [5] et Debian en tant que mouvements majeurs représentatifs du ralliement à la définition de la FSF, je ne vois pas qui reste [6]... à part la FSF elle-même [7].

Bref, à vouloir assimiler le logiciel libre à un mouvement politique piloté par la FSF, on part dans une tangente fallacieuse.

La question n’est pas de savoir qui pilote quoi, mais de savoir pourquoi tant d’obstination à vouloir capturer le terme "libre" et surtout quelle légitimité donner à cette obstination. Àmha aucune, ce d’autant que ce combat pour le nom sur la boîte est à mon sens plus proche de la démarche marketing que de la réflexion de fond.

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[1] Où l’on voit bien les fins militantes — aussi nobles soit-elles — associées au choix du terme libre.

[2] Sans compter que chez Debian, la notion de copyleft semble vouloir être intégrée dans la notion de libre... choses clairement distinctes à la FSF.

[3] Et pas la première a avoir existé... on ne peut donc même pas parler de la survivance d’un esprit originel qui donnerait une légitimité supplémentaire par rapport à ce que font d’autres distributions : Debian est juste un projet qui organise une collection de logiciels selon une philosophie donnée... comme toutes les autres distributions.

[4] Qui ne saurait couvrir celle des utilisateurs de logiciels libres...

[5] Qui au passage limite strictement ses définitions au logiciel.

[6] Pour constituer votre argument d’autorité, car c’en est un... d’ailleurs quand bien même démontreriez-vous que nous sommes en présence de trois FSF qu’il n’est pas sûr que cela suffirait dans la balance de la légitimité.

[7] Qui revendique elle-même le maintien de la définition logiciel libre à laquelle, contrairement à ce qui se fait pour le projet Debian, on renvoie très souvent... d’ailleurs où renvoie le projet Debian lui-même pour la définition de free software ?

[8] Car le terme libre est ici pratiquement contingent par rapport à son contenu...

À qui la faute... , le 7 juin 2006 par Anonymous

Mais c’est quoi c’est théorie de mouvement politique dirigé par la FSF qui veut imposer son propre sens du terme "libre". Vous êtes parano ma foi !

Tout d’abord, le terme "libre" signifie au premier sens du terme "qui n’est pas escalve ou serf". Un logiciel libre est donc un "logiciel qui n’est pas esclave ou serf". En quelque sorte c’est vrai : un logiciel libre est un logiciel qui n’appartient pas à son auteur, qui n’est pas l’esclave ou le serf de son auteur. Le terme de logiciel libre est donc bien justifiée, il n’est pas usurpé, la FSF n’a pas tenté d’ajouter un sens différent des autres.

Librement

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Définition des contenus libres , le 3 juin 2006 (4 rép.)

Salut Florent,

Une définition des contenus libres ? C’est en cours d’élaboration ici.

Amicalement

Antoine.

Un site un peu limité... , le 3 juin 2006 par mpop

Bonjour Antoine,

J’avais déjà croisé ce site (sans doute signalé sur Framafora). Je trouve un peu dommage qu’ils se limites - à ce qu’il me semble - aux licences que l’on peut considérer comme « libre » (CC by, CC by-sa, LAL, FDL, etc.), et passent sous silence toutes celles qui ne remplissent pas les critères.

En gros, un site qui s’adressent à ceux qui recherchent une licence « libre » selon les critères du logiciel libre. C’est utile, mais limité.

Merci de l’info en tout cas.

Définition des contenus libres , le 4 juin 2006 par Antoine

Il y a contresens : le site n’est pas destiné à être une simple liste de licences, mais à élaborer une définition des contenus libres au même titre que la FSF a élaboré la définition du logiciel libre.

Que tu veuilles que la définition soit plus large est une autre question ;)

Définition des contenus libres , le 4 juin 2006 par dana

antoine écrit :

« une définition des contenus libres au même titre que la FSF a élaboré la définition du logiciel libre. »

que tu veuilles restreindre la définition des contenus libres à ce cadre-là est une autre question ;)

Définition des contenus libres , le 4 juin 2006 par Antoine

Je ne vois pas en quoi "au même titre que" indique une restriction (simple question de langue française ;-)).

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Licence Art Libre , le 2 juin 2006 par Etienne (3 rép.)

Plusieurs mois avant les licences Creative Commons, la Licence Art Libre avait été pondue par un collectif d’artistes, d’informaticiens libristes et de juristes. Elle ne dispose pas d’autant de visilbilité, mais a pour elle sa simplicité : il n’y a qu’un version, et elle respecte à 100 % l’éthique du Logiciel Libre selon ses acceptions les plus exigeantes. C’est peut-être aussi ce qui fait peur à pas mal d’artistes...

http://artlibre.org

-----> Licence Art Libre

Licence Art Libre , le 7 juin 2006 par Bartholomeus

Bonjour, je suis photographe amateur et j’ai dernièrement placé mes oeuvres sous license Creative Commons. Par ce biais j’autorise la copie, la distribution et la modification de mes images mais j’interdis toute utilisation commerciale et je demande a toute personne utilisant une de mes photos pour la création d’une nouvelle oeuvre de diffuser cette derniere dans les memes conditions.

J’ai lu le texte de la license Art libre. Je ne vois pas trop les différences avec la license Creative Commons que j’ai utilisé.

Quelqu’un pourrait m’éclairer la dessus ? Merci d’avance.

-----> http://artlibre.org/licence/lal/

Licence Art Libre , le 7 juin 2006 par mpop

Bartholomeus > Il me semble que la Licence Art Libre autorise l’exploitation commerciale de l’œuvre, ce que ne fais pas la licence Creative Commons que tu as choisie.

La LAL serait plutôt comparable à la Creative Commons BY-SA.

Par contre, il me semble qu’une des conditions de la diffusion est que la source (original de l’œuvre) soit indiquée (URL de référence, par exemple). L’original étant défini ainsi :

exemplaire daté de l’oeuvre, de sa définition, de sa partition ou de son programme que l’auteur présente comme référence pour toutes actualisations, interprétations, copies ou reproductions ultérieures.

C’est une nuance (à confirmer) assez intéressante. Y a-t-il une telle disposition dans les Creative Commons ? C’est en tout cas une idée ingénieuse, la référence obligatoire à l’auteur (respect du droit de paternité) devant alors s’accompagner de la localisation de référence de l’œuvre. Très pratique en cas de mise à jour, et pour l’identification plus précise de l’artiste.

Licence Art Libre , le 8 juin 2006

Merci pour ces précisions.

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Une histoire de mots : culture libre et libre diffusion , le 1er juin 2006 (1 rép.)

C’est quoi exactement ND ??

je connais BY (paternité) je connais NC (non commercial) je connais SA (share alike, partage sous la même licence)

mais ND ça veut dire quoi ??

Une histoire de mots : culture libre et libre diffusion , le 1er juin 2006 par bituur esztreym

ND c’est non derivative

de même que NC n’interdit pas, mais réserve l’utilisation commerciale, la subordonnant à autorisation spécifique et ponctuelle accordée par l’auteur,

ND n’interdit pas, mais réserve la création d’oeuvres dérivées ( remix, sampling, version, etc...), la subordonnant à autorisation spécifique et ponctuelle accordée par l’auteur.

voilà la version explicative courte sur fr.creativecommons.org : http://creativecommons.org/licenses/by-nd/2.0/fr/deed.fr

et la texte juridique complet : http://creativecommons.org/licenses/by-nd/2.0/fr/legalcode

----->

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Une histoire de mots : culture libre et libre diffusion , le 1er juin 2006 par kaneda_aka_tetsuoka (1 rép.)

Excellent article qui repose clairement les fondements du libre. J’ai adopté depuis longtemps cette expression de "musique en libre diffusion" pour éviter toute polémique. Merci d’avoir fait le point là-dessus.

Une histoire de mots : culture libre et libre diffusion , le 1er juin 2006 par dana

+1

Bravo florent pour ce texte (et la clarté qui te caractérise, ce qui n’est pas mon fort je dois l’admettre :)

Notons d’ailleurs que les débats autour de la pertinence de l’adjectif "libre" appliqué aux oeuvres sous licence Creative Commons se sont largement calmés ces derniers mois..

C’est au moins le mérite de la loi DADVSI d’avoir resseré les rangs des utilisateurs de logiciels libres et des auteurs sous licence Creative commons : comme je l’avais dit il y a un an, on a mieux à faire que de se tirer dans les pattes..

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Une histoire de mots : culture libre et libre diffusion , le 1er juin 2006 par HardBlues (4 rép.)

Excellente démonstration de la supéroirité de la réflexion sur le dogmatisme...

Il ne reste plus qu’a espérer que je pourrai bientôt créer de la musique en libre diffusion grace aux logiciels libre, c’est le seul domaine ou linux ne me satisfait pas encore pleinement, mais je suis sur que ca viendra !

Une histoire de mots : culture libre et libre diffusion , le 1er juin 2006 par mpop

Hello HardBlues,

Si tu ne l’as pas déjà fait, va demander conseil sur Musique-Libre.org ou sur MAO Libre.

Tu connais peut-être déjà, mais je précise au cas où.

Une histoire de mots : culture libre et libre diffusion , le 1er juin 2006 par kaneda_aka_tetsuoka

Ardour, Audacity, Rosegarden... Tu as déjà ces poids lourds de la MAO qui existent sous Linux. Connectés avec Jack, ils peuvent constituer un excellent home-studio. Il existe des distributions comme Agnula qui comprennent tout le nécessaire pour composer. En espérant que ça puisse t’aider...

Une histoire de mots : culture libre et libre diffusion , le 1er juin 2006 par The_Archdude

Personnelement je trouve Linux tout a fait génial pour la MAO Je ne retournerais pas sous Windows ou Mac pour faire de la MAO même si on me payait toutes les licences possibles ... je les brulerais avec incantations , c’est bon pour l’inspiration

Et au passage bravo pour ce texte dont je t’ai déja dit tout le bien que j’en pense

Une histoire de mots : culture libre et libre diffusion , le 2 juin 2006 par HardBlues

Merci pour les liens, j’ai déja fait quelques essais, mais j’ai du mal a configurer tous ces logiciels pour utiliser jack par exemple.

J’aimerai trouver un bon tuto adapter à ma distrib (Ubuntu) pour me lancer sans passer des heure à me palucher le système... Si vous connaissez ca...

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